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Histoire de Lo - Ivresses, Idéaux et Chaos Technique
26 mars 2020

Peur sur la ville, mais Tant qu'il y aura des Humains... Rester la tête haute aux temps du Covid-19 (seconde partie)

Ça c’est la télévision. Tout est là, tout est là ! Regarde, écoute, à genoux, prie ! La pub ! On n’est plus productifs, on ne sert plus à rien, c’est fini, ils n’ont plus besoin de personne. Tout est automatique. C’est quoi notre rôle maintenant ? On est tous des consommateurs Jim. C’est bon c’est bon, dépense un max tu seras un bon citoyen. Mais si tu dépenses pas grand chef, si tu dépenses rien, t’es quoi ? Hein, t’es quoi ? Un malade mental !

Brad Pitt, L’armée des 12 singes (Terry Gilliam, 1995)

22 mars 2020, 22 heures 41.

Au départ, on parlait, JE parlais d'une bonne grosse crève. Au départ... Et puis c'est parti en couilles. J'ai été débile voire irresponsable de parler ainsi de ce qui nous frappe actuellement et je tiens à m'en excuser. Façon un peu grave de commencer cette deuxième partie d'article, mais au vu de la tournure que prennent les évènements, je ne peux pas rester devant un écran et faire comme si c'était de simples vacances un peu spéciales. Non, non , mille fois non. 

Et non, contrairement à ce que martelait Emmanuel Macron il y aura presque une semaine, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans une situation bien plus dure où nous pouvons devenir à coup sûr tous perdants. Détourner le sens des mots en espérant manipuler les masses pour faire passer la pilule de ce qui a été voté ce soir, ça s'appelle purement et simplement de la propagande, et belliqueuse avec ça, au détriment de la solidarité, des valeurs humaines. Ce n'est pas acceptable, mais puisque ce ne sont que les mots présidentiels... Ma seule responsabilité c'est de rester en bonne santé, en vie. Et de sortir victorieuse de cette période compliquée, aussi bien sanitairement que moralement. 

" Rester confiné chez soi, sur son canapé, n'a strictement rien à voir avec une période de guerre "

Les mots ont un sens. " La pandémie à laquelle nous sommes confrontés exige des mesures plutôt opposées à un temps de guerre " explique l'économiste et chroniqueur de Basta ! Maxime Combes dans cette tribune. Non, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie " Nous sommes en guerre ".

https://www.bastamag.net

23 mars, 5 heures 58 : 

Passé cinq heures du matin, et je ressens encore les annonces de la veille comme une véritable gifle. L'impression grandissante d'être fliquée à un degré délirant, comme si l'Etat/la Nation/la Nurserie (barrer la mention inutile) se transfigurait en mère juive un peu trop regardante sur la santé de ses enfants/sujets/esclaves (là encore, à vous de voir)... On parle même d'un couvre-feu national à partir de 18 heures, mis en place à compter de mardi...

Atmosphère oppressante.
Les commerces de proximités qui ferment à 18 ou 19 heures, quand tu t'en aperçois tu n'as pas d'autres choix que de battre en retraite et te ravitailler chez les épiciers arabes qui tapent sur les prix...

Les patrouilles qui te collent une amende dés lors que tu as le malheur de sortir sans le précieux sésame de l'attestation de sortie dérogatoire...

Bref tout est fait pour te détourner de l'appel de la nuit. Te dégoûter de marcher dans la nuit juste à cause des patrouilles de flics. Comme si la peur du Covid-19 avait commencé à grignoter jusqu'à ce plaisir ancestral, presque organique de se promener dans la nuit.

Et pendant ce temps-là, en Italie, on chante sur les balcons, aux fenêtres. Buono gioco. On organise des apéros via Messenger et Skype... On fait tout pour supporter et gérer le confinement correctement, de manière digne et sage.

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En France, c'est différent. Trop différent.
On a l'impression que le fait de devoir s'occuper chez eux terrorise encore une poignée de personnes, à tort ou à raison selon les ressources de chacun. On a l'impression d'entendre des milliers de fois les médias nous exhorter à rester chez nous comme si une partie de la population était frappée de surdité ou de je ne sais pas quoi de réticent. Du coup on bénit intérieurement les séances de running dans son quartier et celles de promenade du chien, alors que dans le même temps c'est l'explosion des abandons de chiens et de chats. Comme si la bestiole ou le fait de courir dans son quartier n'était qu'une excuse pour seulement sortir, et pas une condition logique d'équilibre, qui contribuerait à la sécurité de soi comme d'autrui. Bien sûr , il y a inquiétude et inquiétude. On peut très bien être scandalisé de la durée de l'état d'urgence, comme ravi de pouvoir se créer sa bulle pendant deux mois.

Dans tous les cas, l'adaptation est de mise, faute de quoi on risque gros. Très gros. 135 euros d’amende, mais 1.500 euros en cas de récidive dans les 15 jours, voire 3.700 euros d’amende et six mois de prison pour quatre récidives en 30 jours. 

C'est vous dire si c'est devenu la croix et la bannière pour ne pas culpabiliser même avec toutes les précautions et l'honnêteté possibles concernant ces mesures. 


24 mars, 21 heures 29 :

Au matin, c'est café devant la télé jsute une petite heure, juste pour faire le tour d'horizon vu le renforcement récent du confinement. Tombée sur une émission présentée par trois animateurs, le tout par webcams interposées. C'est dans ce genre de moment que j'ai envie de me dire qu'effectivement, on a de quoi se sentir en danger tant la pandémie est devenue psychiquement palpable. Un peu comme une énergie ou autre chose pour un médium. Sauf que nous, citoyens lambdas, nous constatons les ravages de la pandémie non seulement dans les corps des personnes contaminées, mais l'impact sur les vies de chaque personne, chaque couple, chaque famille...

Une infirmière (big up à tout le personnel soignant qui est en ce moment sur le pied de guerre dans les hôpitaux pour gérer les patients malades toujours plus nombreux, vous êtes des anges, au delà de la fatigue de la peur et du stress, des héros. MERCI à vous)... Bref, une infirmière confiait récemment sur les réseaux être au bout de ses nerfs suite au décès d'un patient très jeune (29 ou 30 ans) des suites du coronavirus. Il faut savoir qu'à la mort d'une personne suite au Covid-19, le corps est de suite emballé, emmené... La famille n'a logiquement pas le droit de voir le corps une dernière fois. Et récemment le gouvernement ayant durci les consignes autour des enterrements (petit comité, pas plus de 20 personnes)... Bref, l'atmosphère sociale est vraiment très pesante ici (comme partout je crois), jusque dans la mort des personnes touchées. 

23 heures 49 : Quelques minutes après mon zapping matinal, j'apprends la disparition de Manu Dibango des suites de la pandémie. Soul Makossa, et son Electric Africa. Je passe tout cet album à fond, le quartier en profite mais au fond je m'en fous, je commence à aménager le balcon avant du fait que j'ai besoin de soleil et de prendre l'air malgré tout. 

Une nappe tendue sur la rambarde du balcon, un volet déployé sur la gauche, un meuble déplacé exprès pour coincer le volet... Une écharpe large tendue entre le volet et la porte du balcon qui donne l'impression métisse d'une voile et d'une tente bédouine... En fin de journée, je ne pouvais plus me plaindre d'un (tout petit) manque d'intimité. ç'aurait été excessif.

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25 mars, 12 heures 54 :

Les jours qui s'annoncent ne doivent en aucun cas laisser place à la crainte ou au découragement. Concernant la présente situation sanitaire, je pense avoir dit tout ce que j'en éprouvais ou presque. Serait-il encore utile de continuer mon article là-dessus jusqu'au bout ? Non je ne crois pas. 
Il faut se concentrer sur les espoirs qu'il nous est encore possible de nourrir. Et même si, par respect pour les défunts et leurs familles, j'ai décidé de ne pas fêter à l'avenir la fin du confinement (quelle que soit la date), je mets ma joie future dans plusieurs perspectives.

Déjà, retrouver certaines personnes (les amis la famille, certes. Mais toi surtout. Tu me manques comme je te manque, autant que la pluie au Sahel.mais on vaincra le temps et l'ennui, mon amour. La distance est relative, et on vaincra.)

Dés que ce sera à nouveau possible, bouger hors de ma ville. Voir mon frère et sa famille en Normandie, quelques jours que j'y pense, alors que ça fait une éternité que je devais passer.

26 mars, 13 heures 55 :

Plus les jours vont passer, plus je me rends compte que ce confinement va changer en moi quelque chose que je n'arrive pas encore à vraiment définir. Mes relations sociales, peut-être. Fort probablement. J'ai parfois entendu des proches se lamenter du fait que les bars et cafés étaient fermés depuis le 14 au soir. Qu'ils avaient envie de profiter du soleil, de voir du monde et de pouvoir être vus des autres, comme si ils avaient toujours besoin d'être flanqués d'une cour autour d'eux, dans le déni quasi-complet de la gravité de la situation.... Et bien que je comprenne à juste titre les craintes de certains de mes proches concernant les mesures de confinement et leur durcissement depuis dimanche dernier, j'avoue que je commence à en avoir plein le cul d'entendre ce genre de plaintes. 

J'ai envie de me battre, même si je dois pour cela ne pas bouger de mon appartement pendant quoi, deux mois. Et j'ai pas envie de me plaindre, dans la mesure où ceux qui sont vraiment en guerre, finalement ce ne sont pas les gens qui sont confinés chez eux. Ce sont les personnels soignants, les personnels de caisses, les livreurs etc.. Bref tout ceux qui bossent en contact avec du public. 

Lorsqu'on était vraiment en guerre, nos grands-parents et arrière grands-parents devaient se planquer dans les caves ou quitter leurs maisons sous la menace des bombardements par exemple. ça c'était en 39-45, il y a plus de 70 ou 80 ans. On est en 2020, et les gens se plaignent pour une histoire d'attestation à présenter, et du fait qu'ils ne peuvent plus sortir pour une pinte ? Oui, c'est chiant de n'avoir plus qu'une heure par jour actuellement pour faire le strict minimum. Oui c'est emmerdant pour tout le monde, évidemment. Même moi j'ai hâte au fond que ça se termine. 

Mais si c'est la seule solution pour ne pas avoir plus de morts ne serait-ce qu'ici... Mais restez chez vous, et lavez-vous, putain !!! C'est bien connu, le français est sale, il peine à se laver régulièrement, cliché qui me ressurgit en pleine gueule quand je me pose la question. On a des études récentes et des articles qui le prouvent. Les étrangers le disent. Et ce ne sont pas les parfums haute couture qui vont sauver quoi que ce soit. Vous imaginez ? Le français est un crasseux aux yeux du monde, alors que dans le même temps, les élites de son pays sont capables de créer de ces parfums somptueux, enivrants...

Ce paradoxe social, je te jure. 

16 heures 28 :  

Paradoxe social, disais-je. 

Tu en as quelques-uns qui font des efforts pour tout, mais on parle bien plus de ceux qui mettent le bazar. Ceux qui nous foutent une honte monstrueuse devant tous les autrespays , aussi. En France on aime gueuler, on aime dire ce qui ne va pas... Mais on est incapable de voir un vrai talent positivement, une vraie bonne initiative avec un regard bienveillant et encourageant. Tout de suite, on nous demande ce que ça va nous coûter, ou ce que ça nous a déjà coûté. Toujours ce rapport au gain, à la perte... à l'argent. On est incapables de dépasser soit l'admiration moralisatrice pour les autres, soit la critique née de la frustration de n'avoir pu soi-même atteindre le même succès que le voisin. 

Il faut que je fasse une pause. Je m'épuise à écrire autour de la situation actuelle, ce qui m'empêche de réfléchir sereinement à d'autres sujets de rédaction pour l'instant. Et si je continue comme ça jusque fin avril ça va me miner plus qu'autre chose. Et vous aussi, et je ne tiens pas à cela. En attendant que je revienne avec plus intéressant (et toujours mieux écrit que la précédente, enfin j'espère, restons humbles^^), prenez soin de vous, restez chez vous, et surtout restez forts, curieux, inventifs et connectés. 

Je vous embrasse. à très vite. 

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  • Chroniques d'un monde bordélique à hauteur humaine, trop humaine. Guerillera de salle de garde. Consultante en Ambivalence et Ironie auto-défensive. Et sinon je peins. (IG : lobazaar_gallery)
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